Trois images du pouvoir

 

 

L'image et le pouvoir

Je est un autre par le jeu du miroir

 

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J'avance l'hypothèse suivante :
Les trois tapisseries réunies ici (Pénélope et Narcisse du Museum of Fine Arts de Boston ; Hercule et le lion de Némée du Musée des Arts Décoratifs de Paris) possèdent pour point commun de représenter des personnages historiques.

Pénélope peut être Marguerite de Bourgogne, conduite à Amboise en 1483, à l'âge de 3 ans, en tant que fiancée promise au dauphin de 10 ans son aîné, le futur Charles VIII. Marguerite, à l'instar de Pénélope, a attendu de longues années à la cour de France le jour promis de son mariage. Ou Anne de Bretagne que Charles VIII épouse en 1491 pour des raisons politiques après que l'on a renvoyé Marguerite avec sa dot à son père, l'empereur Maximilien 1er.
Narcisse et Hercule peuvent être Charles VIII. Anne de Bretagne possédait un ensemble de quatre tapisseries consacrées au Roman de la Rose dont une dédiée à Narcisse. La mort accidentelle de Charles VIII en 1498 a pu exiger quelques modifications pour que son successeur Louis XII puisse apparaître sur certaines tapisseries en cours de tissage.


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Les divinités et héros de l'antiquité gréco-latine n'ont jamais cessé d'être le support d'images (et donc de messages) royales ou princières. Les saintes et les saints chrétiens ont réticence à participer à des scènes qu'ils jugent impies. Les artistes, à la demande de leurs souverains, ont su alterner les scènes d'inspiration chrétienne et païenne.

Cette dynamique théâtrale est loin de toute liturgie religieuse chrétienne car il est difficile de montrer un souverain sur la croix ou écorché vif ou empalé. Mais que d'aventures chevaleresques ou " singeant " les héros ou divinités païennes gréco-latines !

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L'image, quelle qu'elle soit, veut montrer, prouver au besoin. Elle porte en elle (dévoilée/voilée), une interrogation sur le pouvoir, à la fois sue et insue. Comme la religion révélée dont elle procède alors, elle montre sur le mode théâtral et rituel pour instituer ce qui doit être.

Les élaborations mythologiques (images, sculptures et textes) sont réalisées, via les artistes et publicistes, par le pouvoir (ici, royal) qui occupe toutes les places dans cette construction : commande et paiement, choix du sujet et de son support, diffusion…
Le dessein premier dans cet investissement du champ mythologique est de rappeler et d'illustrer le lien vital, ancestral, entre la dynastie actuelle et les personnages bibliques et ceux de l'antiquité gréco-latine.

En ces années, le légendaire Pharamond est toujours considéré comme le premier roi de France, rédacteur présumé de la loi salique (les femmes et les filles sont écartées définitivement du pouvoir royal). Mais, pour tous, le vrai fondateur de la monarchie est Clovis, archétype de tous les rois de France, qualifié de saint à la fin du Moyen Âge, acquérant alors certains attributs de sainteté : les miracles et le pouvoir d'intercession. Au cours des XIVe et XVe siècles, saint Clovis est devenu le type idéal du roi de France, alliant en sa personne l'héroïsme chevaleresque et les vertus chrétiennes
La popularité de David évince peu à peu celle de Salomon sous Charles VIII, Louis XII et François Ier. Ainsi, l'origine troyenne des rois de France s'efface parfois devant l'origine davidique tandis que les thèmes christologiques gagnent la symbolique royale, mouvement amorcé dès le XIVe siècle.

La comparaison des rois de France avec David, vainqueur du géant philistin Goliath, remonte aux Carolingiens. Dès 1300, le titre envié et exalté de " très chrétienne maison de France " est parfois associé à la mythique filiation juive des rois de France. Dans son traité Opus christianissimum seu Davidicum écrit entre 1494 et 1497 et offert à Charles VIII, tout en soulignant les origines divines de la fleur de lys, Giovanni Angelo Terzone de Legonissa, un franciscain italien émigré à la cour de France depuis 1492, réfute l'origine troyenne des rois français, proclame la judéité des Francs et établit la descendance directe des rois de France avec la lignée de David, donc du Christ, prétendant que Charles VIII descend d'Adam et de la création directe de Dieu. Ce texte au ton eschatologique assimile ainsi la France au nouveau royaume élu de Dieu.

L'association du roi et d'Hercule n'est pas nouvelle ; il y a longtemps que les souverains français se reconnaissent dans la légende qui veut qu'Hercule ait engendré la dynastie gauloise. Les Gaulois ont créé la légende du passage d'Héraclès en Gaule qu'il aurait civilisée. Fondateur d'Alésia, il aurait épousé la fille du roi de la Celtique et leur fils, le roi Galatès, aurait donné son nom aux peuples qu'il gouvernait.

Jean Lemaire de Belges, vers 1500, dans Illustrations de Gaule et singularitez de Troye, tente de démontrer l'antiquité des princes gaulois ainsi que celle de leur parenté troyenne. Jean Lemaire de Belges reconstruit le mythe : les Gaulois sont les ancêtres des Troyens, et non l'inverse. Les Francs, descendants des Troyens, redécouvre donc leur patrie d'origine quand ils s'installent en Gaule. Jean Lemaire de Belges instaure ainsi l'unité des Gaulois et des Francs.
Pour lui, la Gaule a été peuplée par Samothès, quatrième fils de Japhet, et c'est un de ses descendants qui, proscrit, s'enfuit en Asie et y fonde Troie. La culture gauloise se répand dans le monde grec. Héraclès s'insère alors dans la généalogie fictive des rois de France.

Hercules de Lybie épouse Galatée (dont le grand-père est Lucus, 8e roi des Gaulois, et le père est Celte, 9e roi) et devient le 10e roi des Gaulois.
Leur fils, Galates, 11e roi, donne son nom aux Gaulois.
Leurs descendants : Harbon (12e), Lugdus (13e), Belgius (14e), Jasius Janicene (15e roi de Gaule et d'Italie), Allobrox (16e), Romus (17e), Paris (18e), Lemannus (19e), Olbius (20e), Galates le Jeune (27e), Namnes (22e), Rhemus (23e),
Après les ruines de Troie, deux princes troyens ont régné en Gaules : Bavo (roi de Phrygie, cousin de Priam) en Belgique ; et Francus (un des fils d'Hector) en Celtique.


Autre nouveauté : les Gaulois sont issus de Noé et leur religion païenne ne pouvait que devenir chrétienne !
Une série de tapisseries illustrant l'Histoire légendaire des Gaules, tissée à Arras vers 1530 et conservée à Beauvais au musée départemental de l'Oise, s'inspire directement des écrits de Jean Lemaire de Belges.
https://www.flickr.com/photos/magika2000/8012115208/

Ainsi, la " généalogie " démontre l'immortalité de la " royauté " française et de la dynastie : " le roi ne meurt jamais. " Et le pouvoir se trouve fondé comme vrai, légitimement, par la grâce du mythe et de sa théâtralisation qui le met en exergue, tout en soulignant la liaison généalogique qui part de Haut.

Le liage Charles VIII-Hercule renvoie tout observateur au monde antique romain, c'est-à-dire à " la mise symbolique d'un rapport à l'Ancêtre majuscule (la Romanité, devenue métaphore religieuse et juridique d'un pouvoir universel), rapport qu'on peut qualifier avec justesse de totémique. " (Pierre Legendre, De la Société comme Texte, Fayard, 2001, p. 63-64.)
A travers ses dieux et ses lois, cette référence fondatrice remonte au plus haut des Cieux, aux divinités. Elle fascine, ensorcelle.
L'alliance Hercule-Athéna dans la tapisserie Hercule est alors celle de Charles VIII avec la Raison déifiée. A notre insu, nous sommes liés aux mythologies.

" Tu ne parviens pas à tendre vers le futur parce que tu as perdu ton passé. "
Umberto Eco, La mystérieuse flamme de la reine Loanna, Grasset, 2005, p. 34. Traduction de Italien parJean-Noël Schifano.

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Le sujet royal occupe deux positions possibles dans l'image : une place décentrée mais prépondérante (le sujet est peu reconnaissable) dans l'anecdote mythique qui sert de support ; ou une place centrale car le sujet royal est reconnaissable au premier regard.

Cette théâtralisation repose sur un leurre où deux scènes (un personnage mythique et un/e souverain/e vivant/e) sont assemblées en une seule.
- La reine ou la princesse sait attendre chastement comme Pénélope en tissant.
- Le roi sait se détacher de son image sans délirer comme Narcisse.
- Le roi sait combattre et se faire obéir comme Hercule dont la force, la vaillance et l'immortalité font sans aucun doute rêver les souverains dont Charles VIII.

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L'androgynie du souverain (Charles VIII en Hercule aux amours bisexuelles, François 1er en déité composite) renvoie à la double figure maternelle / paternelle du royaume, de la France (la " mère patrie " ; patrie, du latin patria, pays du père, de pater)

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Un parallèle peut s'établir entre Pénélope et la Marie biblique.
Selon l'Evangile de la Nativité de Marie et de l'Enfance du Sauveur, paru en latin au 6e siècle et connu sous les noms de l'Evangile du pseudo-Matthieu ou du pseudo-Thomas, Marie est gardée dans le Temple en attendant l'Annonciation. Selon l'apocryphe intitulé Histoire de la nativité de Marie (nommé Protovangile de Jacques au 16e siècle), alors qu'elle est au service de Temple, elle se voit confier la vraie pourpre et l'écarlate à filer à son domicile. (Voir Chapitre 8, 1 et 5)

http://seigneurjesus.free.fr/evangilepseudomatthieu.htm

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Ces trois tapisseries évoquent la question du pouvoir dans sa dimension symbolique. La théâtralisation du passé est chargée de légitimité mythique. Le passé n'est pas un temps achevé mais il possède la faculté d'être utilisé pour être à nouveau et sempiternellement conjugué dans des présents successifs.

Chaque tapisserie tisse ensemble trois temps : le présent du passé (le mythe), le présent du présent et le présent du futur (attente). Trois temps " contemporains ", comme se déroulant en même temps, imbriqués génialement pour promouvoir le pouvoir du souverain en place, celui de fréquenter tous les présents possibles, avec les dangers qu'ils peuvent recéler.

Pour exemple, Charles VIII-Hercule vit dans les trois temps, dans trois moments : la mémoire du passé même fantasmé, l'attention du l'Histoire qu'il construit et l'attente de l'avenir, de la dynastie et du royaume ; soit le présent du passé vécu par Hercule, le présent du présent vécu par Charles VIII (et l'artiste) et le présent du futur que vivront ces derniers ouvrent sur la problématique de la Mort, mais aussi de l'Immortalité par la Génération. L'enjeu de telles images est de prouver que le royaume et la société se tiennent indubitablement d'aplomb.

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Si l'œuvre est en quelque sorte un miroir où le sujet représenté peut se regarder et se faire connaître et admirer, elle est aussi le miroir où l'artiste aperçoit (ou pourrait apercevoir) ce qui le meut. Relation avec lui-même, la fonction spéculaire de l'œuvre permettant la division subjective, des identifications, y compris inconscientes.
La formule " Quid videat, nescit, Ce qu'il voit, qu'il ne sait " qu'Ovide écrit en parlant du délire de Narcisse se contemplant sans se reconnaître, peut aussi concerner l'artiste et l'observateur.

L'image esthétique au pouvoir poétique puissant s'adresse aussi à l'artiste, l'œuvre-miroir lui renvoyant son insu, intermédiaire de notre insu à nous observateurs. Il s'agit du dévoilement du fond commun inconscient de l'être humain.
L'inconscient de Jean Perréal (s'il s'agit de lui et si son nom se réfère à " perro réal " = chien royal " ou " pair royal " = égal au roi) ne pouvait qu'établir une relation avec le portrait qu'il dessinait et sa signification sue et insue.

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Les arts " servent à juguler le fantasme, en l'occurrence sur le mode de Picasso [Le Miroir de 1932], peintre de son propre insu, dont il a fait une scène de l'invisible, adressée comme une écriture dogmatique à tous ceux qui la verront, la liront ". L'art donne " forme d'images au désir humain " en un espace théâtral. (Pierre Legendre, La 901e conclusion, p. 289.)

 

 

 

Le lion, "agent entre la mort et la vie"

Dans les trois tapisseries exposées ci-contre, la présence d'un lion nécessite une analyse centrée sur l'interprétation jungienne. Les passages suivants sont extraits du livre de Marie Louise von Franz, La voie de l'individuation dans les contes de fées, traduction de Francine Saint René Taillandier, La Fontaine de Pierre, 1978.

Pénélope

Narcisse

Hercule


" On sait que le lion joue un rôle très important dans l'alchimie et l'on peut penser que sa place dans ce langage vient des rites funéraires égyptiens. Ainsi le sphinx de Gizeh est un portrait du pharaon sous sa forme léonine, le roi ressuscité étant souvent représenté ainsi.

Lors des rites d'embaumement, on plaçait le corps sur une table de marbre comme celles que l'on voit encore au musée du Caire et qui ont la forme d'un lit percé de petits trous pour permettre aux humeurs du cadavre de s'écouler. A la tête et au pied du lit sont sculptées des têtes de lion tournées en sens opposé l'une de l'autre, les pieds du lit ayant la forme des pattes du fauve. Le double lion symbolisait le mystère de la mort et de la renaissance l'un, tourné vers l'Ouest, figurait le soleil couchant, l'autre, tourné vers l'Est, le soleil levant.

Le lion est une divinité qui fait allusion à ce moment mystique où le soleil atteint, à minuit, le point inférieur de son parcours sous la terre. Le soleil couchant était associé par les Egyptiens à la vieillesse et à la mort, et le double lion représente ce moment de la transition entre la mort et la résurrection, celui où le soleil se met à remonter vers l'est et revient à la vie.
Le voyage du Dieu-Soleil au-dessus de l'horizon et sous terre figure la transformation de la libido qui, après avoir évolué vers la conscience, retourne vers l'inconscient et doit s'y replonger pour renaître.

Lorsque le corps du pharaon était étendu sur ce lit funèbre, il reposait symboliquement au plus profond du monde inférieur et, tandis que le prêtre en retirait le cerveau et les entrailles avant de laver le corps dans le chlorure de sodium et les aromates, son âme séjournait dans le monde souterrain. Ce n'est que lorsque les rites de momification étaient terminés que le mort ressuscitait.

Le lion est donc le gardien des enfers où se déroule ce mystérieux processus souterrain qui transforme la mort en vie. Je ne fais guère ici que suivre les textes égyptiens eux-mêmes.

Et comme l'alchimie occidentale a eu pour principale origine l'Egypte (en particulier au cours de la période hellénistique), ce symbolisme se transmit. L'on vit une ressemblance entre la transformation du corps du roi en sa forme immortelle et celle de la matière première alchimique en or. C'est là une pensée analogique de type primitif. […] L'analogie était si poussée que les alchimistes parlaient de ces procédés comme de la taricheusis, la momification ou macération on devait taricheuein, momifier ou faire macérer les métaux pour les transmuer en or.

En termes plus modernes, nous dirons que le processus d'individuation était projeté par les Egyptiens dans les procédés post mortem de conservation du corps et, par les alchimistes, dans les opérations de transmutation des métaux, opérations qui servaient de support visible à leurs méditations et aux processus de transformation intérieure.
Dans les deux cas, le lion joue le rôle d'agent paradoxal qui se tient entre la mort et la vie, entre le soir et le matin ; il les gouverne tous deux et amène la renaissance.
[…]


Si nous transposons maintenant ces images mythologiques en langage psychologique, nous dirons que toute image qui règne sur le conscient collectif d'une époque, toute image centrale du Soi qui domine un contexte culturel donné, a besoin, pour se renouveler, de retomber périodiquement dans l'inconscient.

Dans certaines tribus " primitives ", il se produisait à la mort du roi une complète désintégration culturelle pendant l'interrègne, entre la mort du chef et l'élection de son successeur, toutes les lois réglant le comportement humain social étaient renversées. Pendant ces trois jours d'obscurcissement total des principes conscients, la convoitise et toute action noire, y compris le meurtre et autres crimes, étaient tolérés. Une forme très mitigée de cette coutume existait chez nous dans les rites antiques et médiévaux du " roi de carnaval " : un jour par an, le roi suspendait son pouvoir; on tirait de prison et on couronnait quel que pauvre diable ou un criminel condamné à mort. Pendant cette journée, il lui était permis de faire la loi dans toute la ville et d'obtenir tout ce qu'il voulait : festins, femmes, etc., après quoi il était exécuté. On laissait ainsi l'ombre du roi, son aspect chtonien, dominer pendant l'interrègne. Dans l'antiquité romaine il existait une fête, les Saturnales, où les esclaves avaient le toit d'user de certaines libertés envers leurs maîtres.
[…]

On trouve encore des traces fort atténuées de ces usages, par exemple, dans les amnisties qui accompagnent généralement un changement de gouvernent ; le passé est annulé, on ouvre les prisons : un nouveau commencement est rendu possible. C'est là une forme très adoucie de ces rites beaucoup plus archaïques qui, pendant une période déterminée, libéraient toutes les forces obscures et destructrices que le chef et les lois, en temps normal, réprimaient et déclaraient tabou.
[…]

La mort du vieux roi et le temps de la domination du lion qui représente, entre autres choses, le pouvoir et les comportements de prestige, constituent une situation archétypique éternellement récurrente de la vie humaine. C'est pourquoi les trônes étaient ornés de lions sculptés, ou des rois se virent nommés, par exemple, " Lion de Juda ". C'était là, comme on sait, une appellation traditionnelle de l'empereur d'Ethiopie.

[…]

Ainsi que le souligne Jung dans Mysterium Conjunctionis, le lion est signe non seulement de pouvoir, mais de puissance sexuelle et de tout comportement caractérisé par l'intensité et la chaleur de la passion. Jung en cite de nombreux exemples tels que le " lion vert " alchimique, associé à Vénus et représentant l'instinct et son désir.
[…]

La question devient désormais : comment intégrer le lion de sorte qu'il ne détruise pas toute la vie consciente du sujet ? L'apprivoisement du lion se révèle comme l'étape suivante du processus de transformation, aussi les alchimistes disaient-ils : " Lorsque le lion apparaît, prends une épée et coupe-lui les pattes ". Cela signifie, symboliquement, que le lion cherche à tout agripper et tenir dans ses griffes, et qu'il est nécessaire de le maîtriser pour l'apprivoiser.

Sur le plan psychologique, le lion représente donc plus ou moins tout cela. On peut dire, d'autre part, que partout où se trouve la fontaine de vie, là se trouve aussi le lion, ou encore, que chaque fois qu'on rencontre la perle précieuse, un dragon est couché dessus, et que partout où il y a un trésor, un serpent est enroulé autour. Autrement dit, on ne peut approcher du sens de la vie, du Soi, sans se trouver du même coup sur le fil du rasoir qu'est le risque de tomber dans une attitude d'avidité et dans les autres aspects d'ombre de soi-même. Il est même difficile de dire dans quelle mesure il faut se garder d'y tomber, car, si l'on évite trop complètement l'ombre, on ne peut l'intégrer. " (p. 85-91)